[Présidentielle 2022] Yannick Jadot : les 5 axes santé-sécurité au travail à suivre

[Présidentielle 2022] Yannick Jadot : les 5 axes santé-sécurité au travail à suivre

09.02.2022

HSE

En résumé, le candidat écologiste veut « un travail soutenable » pour toutes et tous. Mais dans le détail, quel est son programme ? Il plaide, entre autres, pour « travailler moins à des moments de vie choisis » ou pour se pencher à nouveau sur la pénibilité afin de « réduire l’écart d’espérance de vie en bonne santé » entre les plus riches et les plus pauvres.

« Notre rapport au travail doit être repensé, pour mieux partager la richesse au sein des entreprises, redonner du sens au travail et au temps qui y est consacré », postule Yannick Jadot dans son programme pour la présidentielle présenté le 2 février 2022. Le candidat veut « articuler la transition écologique avec la justice sociale », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse.

1. Prévention et santé environnementale

La veille de la présentation officielle du programme, deux de ses conseillers, Éva Sas et Guillaume Duval, répondaient à une question sur les différences majeures entre le programme de Yannick Jadot et celui d’Anne Hidalgo en soulignant la particularité de leur « approche sur la prévention et la santé environnementale ». « On a toujours voulu sanctuariser une politique de prévention, alors que la plupart ont une approche davantage axée sur le soin », explique Éva Sas lors de cette rencontre organisée par l’Ajis (association des journalistes de l’information sociale).

Le candidat écologiste créerait ainsi un « grand ministère santé - environnement - alimentation ». Il entend « faire face » à l’explosion des maladies chroniques liées à la pollution, notamment en s’attaquant aux perturbateurs endocriniens, CMR et autres substances toxiques et en promettant au passage d’indemniser les victimes du chlordécone et des pesticides.

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Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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2. Réduire le temps de travail

C’est une de ses mesures phares : aller vers une réduction du temps de travail d’environ 10 %. Mais pas forcément en revenant sur les 35 heures par semaine. L’idée serait de « travailler moins à des moments de vie choisis », pour un congé sabbatique, suivre une formation, s’engager dans l’associatif, prendre un congé parental, etc.

« Il n’est pas question de normer, assure Guillaume Duval, ni de dire que nous allons aller plus loin sur la réduction hebdomadaire. Il est intéressant d’avoir d’autres formes. » Un compte personnel du temps de travail pourrait par exemple permettre de prendre 6 mois de congés rémunérés tous les 5 ans. L’architecture du dispositif sera décidée lors d’une « convention citoyenne sur la question du temps de travail » en début de quinquennat, est-il précisé dans le programme, avant que les partenaires sociaux ne prennent le relai en négociation interprofessionnelle.

3. Une instance spécialisée en santé au travail

« Nous améliorerons la santé au travail par le retour des CHSCT », entrevoit Yannick Jadot. « Les ordres du jour des CSE sont surchargés, il y a un éloignement du terrain, avec moins de représentants de proximité, et les questions de santé au travail sont moins bien adressées » : pour Éva Sas, il est clair qu’il faut « prévoir une instance spécialisée en santé au travail ». La porte-parole d’EELV estime que « les CHSCT fonctionnaient bien », même si elle reconnaît qu’il y avait « parfois des doubles consultations, ce qui n’est pas souhaitable ». L’idée ne serait donc pas forcément de revenir aux CHSCT d’avant-Macron, qui a instauré l’instance unique par ordonnances en 2017.

L’instance spécialisée en santé au travail serait « de droit à partir de 11 salariés », ajoute Guillaume Duval, et elle serait instaurée « dans les réseaux de franchises, par exemple ».

4. Rétablir et simplifier le compte pénibilité

Le compte pénibilité était un des principaux acquis sociaux du quinquennat de François Hollande. Emmanuel Macron s’est empressé de le défaire – allant jusqu’à rayer le mot « pénibilité » du code du travail, puisque qu’on n’y parle plus que de « prévention », de « risques professionnels » et de « compte professionnel de prévention » (C2P).

Depuis 2017, porter des sacs de ciment (manutention manuelle), travailler les bras au-dessus des épaules des heures durant (posture pénible), buriner au perforateur sur des chantiers (vibrations mécaniques) ou être exposé à des agents chimiques dangereux, ne permet plus d’accumuler des points sur son compte. On est revenu à une logique de réparation en fin de carrière, avec la uniquement la possibilité d’une retraite anticipée à 60 ans pour ceux ayant développé une maladie professionnelle.

Sans surprise – et comme Anne Hidalgo –, Yannick Jadot promet de rétablir « le compte personnel de prévention de la pénibilité et ses droits associés (droits à la formation payée pour se reconvertir, à un passage à temps partiel sans perte de salaire, et à un départ anticipé en retraite) ». Il entend aussi le « simplifier », sans davantage de précisions à ce stade.

Éva Sas et Guillaume Duval posent comme « enjeu essentiel » le fait de « réduire l’écart d’espérance de vie en bonne santé » entre les plus riches et les plus pauvres. C’est incontournable : « il faut travailler sur la pénibilité ». Mais aussi « financer l'adaptation des postes de travail des salariés vieillissants », ajoutent-ils.

5. Un « travail soutenable », en vrac

« Nous rendrons le travail soutenable pour tou·te·s », s’engage Yannick Jadot. Le programme liste ainsi, dans le désordre : la promesse de moyens pour que la médecine du travail puisse « agir sur la prévention », la reconnaissance de « la dépression et le burn-out comme maladies professionnelles » (rappelons que c’est déjà possible, hors tableau), l’amélioration de « la prise en charge des accidents du travail », l’encadrement des « amplitudes horaires et du travail de nuit ».

Tout un chapitre est consacré aux personnes en situation de handicap, le candidat écologiste entendant notamment faire « réellement respecter la loi sur l’OETH » (obligation d’emploi des travailleurs handicapés). Il est aussi prévu de redéfinir, dans l’Éducation nationale, « les relations hiérarchiques entre le personnel et la direction […] pour en finir avec le management descendant à l’origine de nombreuses souffrances au travail ».

« Toutes les questions de conditions de travail et d’amélioration des conditions de travail nous tiennent à cœur », insistent Guillaume Duval et Éva Sas.

Élodie Touret
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